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RUWEN OGIEN
L'Etat nous rend-il meilleurs?

"Qu'est-ce que la « nature » humaine » ? Inclut-elle des traits psychologiques comme l'agressivité et des traits physiques comme des capacités sensorielles et intellectuelles limitées? Reste-t-on «humain» si on est devenu moins agressif, ou si nos capacités physiques et mentales ont été améliorées ? Selon quels critères peut-on établir la cohérence et la rationalité d'ensemble d'un organisme aussi complexe et aux buts aussi divers que l'État? Comment définir la stabilité sociale ? Exclut-elle toute forme de conflit ?
Je voulais seulement montrer que ces trois principes pouvaient être justifiés par une certaine conception de la liberté politique que nous avons de bonnes raisons d'adopter, la liberté négative, au sens minimaliste que j'ai essayé de lui donner."



MARTIN OLIVIER
L'empire des chiffres

Sociologie de la quantification.

"L’essentiel est ici de souligner que les activités de dénombrement, de comptage, de mise en relation sociale de partenaires autour de quantités, de contrôle et de certification des quantités sont non seulement attestées plusieurs millénaires avant notre ère, mais qu’elles sont ordinaires (échanger, convenir, acheter et vendre, s’approvisionner, contrôler, authentifier). Soulignons qu’elles n’avaient pas de visée savante ou scientifique."

"On retrouve les traces du travail d’arpenteur sur des tablettes datant de plus quarante siècles (Quillien, 2003). Des plans de ville, respectant les échelles et indiquant les distances, existaient en Mésopotamie (Proust, 2007, 30). Les arpenteurs égyptiens avaient pour tâche de marquer les hauteurs des crues du Nil, de réaliser un recensement des surfaces cultivées, de replacer les bornes indiquant les limites des terrains qui étaient déplacées par les crues (Dunand, 1989). Les arpenteurs participent à la constitution d’une « mémoire de la terre » qui a un sens politique, économique, administratif et matériel."

 


"En croyant disposer d’indicateurs qui résument de manière neutre et précise la complexité de la réalité, les gouvernants se trompent. Par exemple, résumer l’évolution climatique à des variations de température et tenter d’intégrer ces variations dans les modèles économiques à l’aide d’indicateurs comme le prix mondial unique du carbone (censé optimiser les émissions de gaz à effet de serre selon un raisonnement coût-bénéfice), c’est massivement réduire les enjeux climatiques à de simples variations de température. Cette réduction laisse dans l’ombre les conséquences géopolitiques, démographiques, migratoires, agricoles et biologiques que des variations des températures moyennes ne manqueront pas d’avoir. La croyance en la quantification (ainsi, entre autres, qu’aux modèles économiques ou économétriques) conduit à résumer la réalité à quelques variables qu’on peut modéliser économiquement et sur lesquelles on pense pouvoir agir."

"En passant de l’évaluation des coûts de réduction d’émissions à l’analyse coût-bénéfice du changement climatique, l’économiste s’octroie la position centrale. Ce faisant, non seulement il définit le terrain de l’étude, mais il choisit les armes et joue le rôle d’arbitre ! Ayant ramené le problème du changement climatique à une question purement économique, celle de l’optimisation intertemporelle de la consommation, l’économiste a transformé toute discussion selon son propre système de pensée » (Pottier, 2016).

"C’est le même type de soumission aux chiffres qui est dénoncé par un tout autre type d’analystes : certains critiques d’art. Pour Boris Groys (2013), l’art est aujourd’hui jugé par le nombre de spectateurs cumulé dans le temps, le nombre de visiteurs qui ont vu telle ou telle exposition. Les musées eux-mêmes subissent « l’estimation statistique » : « la collection du musée est vue comme une matière première » et « les charts sont le critère du succès : nombre de visites, nombre de critiques dans la presse spécialisée, situation financière, reconnaissance par les collègues » (Groys, 2013). La statistique, et en l’occurrence les enquêtes permanentes sur les goûts des publics et la réception des œuvres d’art par ceux-ci, en viennent à pervertir la production artistique et le travail culturel en tendant à se substituer à l’art et à ses spécificités. L’artiste ne se définit plus par la singularité de son art, par l’originalité de son esprit créatif, mais par des degrés de diffusion de sa production, par son classement ou sa position dans les charts. « L’effet Van Gogh n’existe plus » (Groys, 2013). Par conséquent, l’art ne s’établit plus dans un « canon historique », mais dans la statistique. Ce n’est plus l’œuvre qui est au cœur des attentions, mais son contexte et l’évaluation de sa réception. Les indicateurs quantitatifs s’intègrent à l’art, au point de tendre à se substituer aux œuvres – tel est en tout cas le mécanisme dénoncé par Boris Groys."


CATHY O'NEIL
Algorithmes. La bombe à retardement

Traduction de l'anglais (Etats-Unis) de Sébastien Marty.

"Des modèles mathématiques mal conçus contrôlent aujourd’hui les moindres aspects de l’économie, depuis la publicité jusqu’à la gestion des établissements pénitentiaires. Ces ADM (Armes de Destruction Mathématique) partagent de nombreuses caractéristiques avec le modèle de valeur ajoutée qui a fait dérailler la carrière de Sarah Wysocki dans les écoles publiques de Washington. Opaques, jamais remises en cause et comptables de rien, elles opèrent sur une échelle qui leur permet de trier, de cibler ou d’«  optimiser  » des millions de personnes. En confondant leurs conclusions avec la réalité du terrain, la plupart génèrent des boucles de rétroaction néfastes."

"On voit ici que les modèles, malgré leur réputation d’impartialité, sont le reflet d’une idéologie et d’objectifs bien précis. "

"Les algorithmes deviendront dans les années à venir de plus en plus omniprésents. Nous devons exiger que les systèmes garantissant leur responsabilité se généralisent eux aussi. Commençons dès maintenant à bâtir un cadre, pour s’assurer à long terme que les algorithmes rendent des comptes. Posons comme base la démonstration de leur légalité, de leur équité et de leur ancrage factuel. Et continuons au fil du temps de préciser ce que ces critères signifient, en fonction du contexte. Ce sera un travail collectif, et nous aurons besoin d’autant d’avocats et de philosophes que d’ingénieurs."


MICHEL ONFRAY

MICHEL ONFRAY
Antimanuel de philosophie

"Seul un combat pour inverser le mouvement et mettre la technologie au service des hommes peut faire espérer un monde dans lequel " ....

"Seule une politique éthique écologique et humaniste pourra éviter la transformation..."

Bravo Mo ...!!!


MICHEL ONFRAY
Les sagesses antiques

"Je propose ici de raconter les grands épisodes de ces équipées profuses depuis Leucippe jusqu'à Jean-François Lyotard pour le dernier des grands morts, soit plus de vingt-cinq siècles de couleurs, de lumières, de bigarrures solaires, de chromatismes vivants, de pensées généreuses, de sagesses prodigues et existentiellement utiles. Inchangée, radieuse et lumineuse, tout porte à croire que cette philosophie de l'incandescence hédoniste paraît disponible pour de nouvelles aventures."

 


MICHEL ONFRAY

Esthétique du pôle Nord

Depuis sa naissance le 29 janvier 1921, jamais mon père n'a quitté Chambois, son village natal normand ; jamais il n'a manifesté de désirs, d'envies, de souhaits; jamais je ne l'ai entendu récriminer ou se révolter contre son sort; jamais je ne l'ai surpris dans la convoitise; jamais il n'a maudit sa condition d'ouvrier agricole qui l'a condamné au dénuement; jamais je ne l'ai vu dans le ressentiment à l'endroit du monde comme il va et qui l'a fait modeste, sans grade, sans voix, taciturne comme le sont viscéralement les gens de la terre, épuisés au travail, fatigués, éreintés.
Au milieu d'un champ où nous plantions des pommes de terre, sous le gazouillis d'alouettes époumonées, je lui avais demandé quelle destination il élirait si d'aventure un magicien se penchait sur son destin pour rendre possible ce voyage idéal. Il m'avait répondu: «Au pôle Nord. »


MICHEL ONFRAY
Traité d'athéologie


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MICHEL ONFRAY
Archéologie du présent

Manifeste pour une esthétique cynique

"Autant de lignes de force pour créer de nouvelles possibilités esthétiques, donc existentielles. Le réel, la puissance, l'ironie, la communication, la gratuité, l'oeuvre, la vie : l'ensemble de ces forces majeures vise une éthique, une politique et une esthétique réconciliées."

"La question de l'art cynique est spinoziste, elle est aussi, on le sait, deleuzienne : que peut le corps?"


MICHEL ONFRAY
Féeries anatomiques

Le corps faustien..."Il est athée, païen et sacrifie à la plus radicale des immanences; il veut élargir la nature, l'augmenter en ayant recours à la culture la plus affûtée, à l'artifice le plus élaboré; il ne pense pas le donné et les instincts à la manière d'ennemis à détruire mais comme des chances à domestiquer..."


MICHEL ONFRAY
Théorie du corps amoureux. Pour une érotique solaire

"La théorie de l'autonomie intégrale, la célébration de l'instant quintessencié, la promotion d'un Eros léger, la réalisation d'une éthique ludique fournissent les quatre points d'assise du libertinage : rester libre, habiter le présent, refuser la pesanteur, pratiquer le jeu. Sous toutes les latitudes, le portrait du libertin suppose le nomadisme, l'instantanéité, la grâce et la chance, aux antipodes des vices de l'immobilité."


MICHEL ONFRAY
L'invention du plaisir. Fragments cyrénaïques

"A Socrate qui lui demandait laquelle des deux vies lui semblait la plus agréable, celle des gens qui commandent ou celle des personnes qui se font commander, Aristippe répondait :" Il y a une route moyenne où j'essaie de marcher. Cette route ne passe ni par le pouvoir, ni par l'esclavage, mais par la liberté, qui est le grand chemin du bonheur." On connaît maintenant la route - désormais plus personne n'a d'excuses..."


MICHEL ONFRAY
Physiologie de GEORGES PALANTE.
Pour un nietzschéisme de gauche.

"Palante aime que Nietzsche réduise la singularité à "ce qui est le sens primitif et l'essence élémentaire de tout être, à savoir quelque chose qui ne se laisse ni éduquer, ni former."

NAOMI ORESKES
ERIK M. CONWAY
Les marchands de doute

"Notre produit, c'est le doute." Les lobbys industriels ont, à coup de milliards de dollars, élaboré une stratégie destinée à éviter toute règlementation de santé publique ou environnementale qui aurait pu nuire à leurs intérêts. Une stratégie toute simple, qui a constité à nier en bloc les preuves scientifiques de la dangerosité du tabac, du DDT, de la réalité du trou de la couche d'ozone, des atteintes environnementales des pluies acides et, aujourd'hui, du réchauffement climatique. Enquête aussi implacable qu'incroyable, l'ouvrage témoigne de l'importance des faits scientifiques dans le débat public, et de la vulnérabilité de la société mondiale face aux "marchands de doute".